L'invention du papier date du IIème siècle en Chine. Fin du VIIIème siècle passe par Samarkand et entre les IX et XV siècles imprègne l'occident. On méconnaît l'utilisation hypothétique du papier plié en Chine, à l'exception de la littérature Dunhuang. Et il n'y a pas plus de données sur les régions traversées par les routes de diffusion du papier. Il semble que l'évolution du pliage de papier s'est faite en parallèle en orient et en occident sans contacts ou influences mutuelles. Les données les plus anciennes montrent en occident un modèle avec des coupes (bijoutier) et en orient des modèles non coupés (noshi). Dans les deux cas, ces modèles seraient aujourd'hui inclus dans la catégorie des packaging. Les experts ont tenté de systématiser les caractéristiques et les différences des deux traditions, tant dans les techniques de pliage, que dans l'utilisation de modèles. Les plis à 45° dominent en occident et les plis à 22,5° en orient. En orient l'utilisation de la coupe est souvent un élément essentiel des modèles. Certains suggèrent, que cela peut être dû à une meilleure résistance au déchirement du papier fait en orient, ce qui permettrait des unions délicates avec un minimum de ponts résistants en papier. En occident, la coupe n'était pas spécifique aux modèles. Une hypothèse suggère que c'est peut-être parce que l'origine du pliage de papier vient du pliage des serviettes. À la fin du XIXème siècle les deux traditions convergent et depuis les influences sont réciproques. A partir des années 1990, la mondialisation, la facilité et l'instantanéité des communications via Internet a été le déclencheur de la prochaine étape dans l'évolution de l'origami.
L'invention du papier est attribuée officiellement à Cai Lun en 105 après J.-C. en Chine, mais il semble que le principe technique a déjà été formulé entre 247-195 avant JC. Dans le VIIème siècle la fabrication du papier arrive en Corée et au Japon. Bien que les littératures Dunhuang (907-960) sont connues en Chine, en montrant des différents types de feuilles pliées pour former des brochures et des livres, il n'existe pas de documentation d'aucun modèle particulier de pliage. Il n'existe pas plus de documentation de modèles coréens. Nous savons que les écoles d'étiquette de la période Muromachi au Japon (XIV-XVI) étaient fondées sur le modèle chinois. L'école d'étiquette Ogasawara avait des protocoles de pliages cérémonieux et protocolaires du papier. Certains d'entre elles étaient utilisées comme des enveloppes avec des significations précieuses, y compris celles liées au shintoïsme et donnant autant d'importance au contenu qu'au contenant. Le Japon a maintenu des contacts commerciaux avec l'occident de 1543 à 1639 date à laquelle cela s'est limité aux Pays-Bas et à la Chine en se fermant au reste du monde jusqu'en 1868. Aucune donnée ne suggère d'échange sur le pliage de papier dans les années de relation commerciale sauf peut-être la jonque chinoise. Les premiers modèles documentés au Japon sont du début du XVIII siècle (grue, modèle phare au Japon, bateau ...). A la fin de ce siècle, le livre Hiden Sembazuru Orikata parut en montrant la feuille initiale avec les coupes à faire et les modèles finaux de centaines de grues de différentes tailles, unies par des connexions minimales de papier. A la moitié du XIX siècle parut le livre, maintenant connu comme Kan-no-mado, montrant des modèles et des développements de grande complexité et de beauté artistique, beaucoup d'entre eux utilisant des coupes. Dans la tradition orientale, la coupe semble toujours avoir été bien intégrée dans le processus de flexion (kirigami). à partir de 1868 avec l'ouverture du Japon au reste du monde les influences circulent dans les deux sens.
105 après J.-C.
Cai Lun. En Chine, a été traditionnellement considéré comme l'inventeur du papier.
|
XIVème siècle
Cérémonie Ocho et Mecho.
École d'étiquette de Osagawara.
"(Après la mariée, le marié et les parents se réunissent et s'assoient)... Après, deux femmes mariées ramassent une bouteille de vin chacune... et les placent dans la partie inférieure de la chambre... Les deux bouteilles portent attaché un papillon mâle et femelle respectivement en papier... (le vin des deux bouteilles est versé dans le réservoir)... Verser tout le vin ensemble durant la nuit de noces symbolise l'union qui est en train de se faire."
|
1519
Lorsque Hernan Cortés atteint Tenochtitlan il existait déjà des livres aztèques et mayas fabriqués avec du papier d'écorce, comme du carton, et un pli en accordéon.
|
1734
Dans le livre japonais Ram-ma Zushiki des illustrations de modèles pliés apparaissent.
|
1845
Le Kan no mado (Une fenêtre pour le temps froid) est une section de la compilation de cinquante petits volumes (Kayaragusa) copiés par Kazuyuki Adachi, y compris le développement de 49 modèles d'origami de loisirs et cérémonial.
|
1955
Akira Yoshizawa publie en 1955 son premier livre Atarashi Origami Geijutsu (New Origami Art) dans lequel il défend la non-utilisation de la coupe et présente pour la première fois la symbologie utilisée par la suite dans le monde entier.
|
Si bien le papyrus que le parchemin étaient pliés à des fins utilitaires (transport de documents, cartes...).
Le papier atteint au VIII siècle l'Islam par Samarkand et à partir de là son usage se répand à Bagdad, en Asie Mineure, en Afrique du Nord, en Espagne et ailleurs en Europe. Devenu si populaire, qu' en 1035 dans les bazars égyptiens il était utilisé pour envelopper des marchandises, et en 1200 à Fès (Maroc) quatre papeteries étaient en exploitation pour la production de papier.
Les pliages utilitaires (des enveloppes, des petits sacs de pharmacie, conservation des plantes médicinales, des boîtes, des moules à sablés...) prédominent depuis le début de l'utilisation du papier. Ces pliages étaient probablement déjà effectués avant avec du parchemin.
Le pliage symbolique en occident est pratiquement inexistant à l'exception de l'hypothétique pliage du carré astrologique ou celui des cartes avec message du XIXe siècle.
Le pliage de papier en loisir ou artistique commence à partir du XVIIe siècle. Probablement étant utilisé comme un moyen plus économique et pratique pour l'étude et l'enseignement de l'ostentatoire pliage de serviettes exposées dans les tables aristocratiques à la fin du XVI et XVII siècles. Confirmant cette origine, on retrouve les premiers pliages récréatifs basés sur le pliage en accordéon ou polymorphe, qui est fondamentalement le même que celui fait avec des serviettes de table. Bien qu'un peu risqué, cette origine textile pourrait expliquer également l'idée profondément enracinée en occident qu'en origami on ne coupe pas.
La première documentation de modèles d'origami en occident date du début du XVIII siècle. C'est le livre Hocus Pocus improved ou Sports et Passe-temps qui montre un pliage polymorphe avec lequel différents modèles peuvent être réalisés sans avoir recours à des coupes.
Pour l'instant un seul essai suggère la possibilité de transmission de connaissances de pliage entre le Japon et l'Europe avant 1868. Une illustration d'un livre néerlandais de 1806 montre pour la première fois en occident la jonque chinoise. Curieusement à cette époque-là le Japon entretenait des relations commerciales seulement avec les Pays-Bas.
à partir de 1868 avec l'ouverture du Japon au reste du monde les influences circulent dans les deux sens.
IVème siècle
Flabelos ou gobe-mouches liturgiques. Objet liturgique dérivé de l'éventail d'utilisation profane pour fournir de l'ombre, du frais et conjurer les insectes.
|
1056
Première référence à une usine de papier à Xátiva (Valencia). Au XIIe siècle, le géographe Al-Idrisi écrit se référant à Xativa, "Là-bas se produit un papier de qualité sans égal dans le monde qui est connu en Orient et en Occident."
|
XIIème siècle
Les livrets qui composaient les manuscrits médiévaux étaient formés avec plusieurs feuilles (8, 10, 12, 16, 24). Pour des pliages différents de telle manière que les faces internes et externes du parchemin étaient correctement confrontées. Des exemplaires de pliages sont conservés avec huit pages de chaque côté.
|
1532
Le marchand Gisze a dans ses mains une lettre soigneusement pliée et qui reste fermée en insérant une partie du papier dans un volet arrière.
|
1572
Dans une fête du pape Grégoire XIII la table est ornée avec des serviettes pliées et au centre un château avec la même technique.
Geigher publie Li tre trattati (1629) avec un chapitre Trattato delle piegature dédié aux serviettes pliées, une technique qui est enseignée aussi à l'Université de Padoue en pliant d'abord avec du papier.
|
1710
Apparaît pour la première fois le pliage trouble-wit en accordéon ou multiforme pour obtenir des différentes figures dans le livre Hocus Pocus Improvea ou Sports et Passe-temps.
|
XVIIe siècle
Les certificats de baptême de l'Europe centrale sont pliés selon un schéma de plis qui rappelle si bien celui du carré astrologique que celui du pliage de la cocotte en papier.
|
1806
Parmi les jouets Marie Laetitia on voit un "cappuccino" effectué avec une carte et une cocotte en papier.
|
1806
Le modèle de jonque chinoise (ou bateau du roi et de la reine, ou gondole) apparaît pour la première fois en occident dans une illustration d'un livre néerlandais. Les Hollandais étaient les seuls Européens qui entretenaient des relations commerciales avec le Japon.
|
1850
Friedrich Fröbel fondateur de l'école maternelle (Kindergarten), un système d'éducation pour les jeunes enfants basé sur le jeu, publie des notes sur l'utilisation de l'origami dans l'éducation.
|
1885
L'oiseau qui bat des ailes, radicalement différent de la grue japonaise traditionnelle, est documenté pour la première fois dans La Nature en 1885.
Dans quelques unes des Expositions Universelles qui ont commencé en 1855, le pavillon japonais présenta des modèles en papier plié (grenouille, oiseau, chapeau de samurai, perroquet...).
|
1902
Miguel de Unamuno (1864-1936)
Première édition d'Amour et pédagogie qui comprend, après l'épilogue, quelques notes ironiques pour un traité de cocottologie. "La cocotte est, sans aucun doute, la forme architecturale, pour ainsi dire, que le papier demande et exige, la forme qui surgit naturellement du papier, la perfection de la figure du papier, l'être parfait en papier ... Et nous osons même soupçonner que l'enfant a été fait pour la cocotte et pas celle-là pour lui..." |
1927
A la Bauhaus, école allemande de l'artisanat, le design, l'art et l'architecture fondée en 1919 par Walter Gropius, le professeur Josef Albers utilise l'origami comme un élément de base du design. Albers s'enfuit aux états-Unis, où il a continué à utiliser le pliage dans ses classes.
|
1929
Dans le parc de Huesca s'installe la sculpture Las pajaritas, œuvre de Ramon Acín, la première sculpture dans le monde dédiée à une figure en papier.
|
1952
Première compilation exhaustive de la littérature sur l'origami par G. Legman. Il comprend environ 160 références.
|
1952
Commencent les réunions régulières de la Peña papiroflexista, plus tard appelée Grupo Zaragozano de Papiroflexia, qui se réunira en permanence jusqu'à présent, sauf entre 1972 et 1978.
Sa conception de l'origami comme art et science exige de l' "orthodoxie" (ne pas couper).
|